lunes, 3 de noviembre de 2008

ಈ FEMINA

CEDO EL PASO AL LIBRO Y A LA FRANCOFONÍA, que también amo:


"Le prix Femina à Jean-Louis Fournier

(par Anne Brigaudeau)


Le prix Femina 2008 du roman a été attribué lundi à Jean-Louis Fournier pour le poignant "Où on va papa ?"

Le jury a choisi de couper l'herbe sous le pied des Goncourt et de récompenser un livre qui est déjà un succès d'édition.

Tranche de vie saignante comme les éditeurs les aiment,"Où on va papa ?" dépassait déjà les 100.000 exemplaires avant l'attribution du prix, qui va encore accélérer les ventes.

L'ancien complice de Pierre Desproges y raconte avec humour une histoire pas drôle : celle de ses deux fils handicapés.

Le prix Femina 2008 du roman étranger, lui, a été attribué à l'Italien Sandro Veronesi pour "Chaos calme" (Grasset) et celui de l'essai est revenu au comédien Denis Podalydès pour "Voix off" (Mercure de France)

"Où on va papa ?" : un best-seller émouvant

Dans son dernier livre, désormais prix Femina 2008, Jean-Louis Fournier raconte avec tout l'humour possible l'histoire de ses deux fils, Mathieu et Thomas. Deux handicapés lourds, intellectuels et physiques : à la "loterie génétique", "j'ai joué" et "j'ai perdu", écrit sobrement le père-narrateur.

Et l'ex-réalisateur ("La minute nécessaire de Monsieur Cyclopède") de sortir son ultime bouclier contre les coups du sort: le sarcasme. "Grâce à vous (Thomas et Mathieu), j'ai eu des avantages sur les parents d'enfants normaux. Je n'ai pas eu de soucis avec vos études, ni votre orientation professionnelle. Nous n'avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de ce que vous feriez plus tard, on a su rapidement que ce serait : rien". Le ton est donné, vif, drôle et désespéré : "Mathieu n'a pas beaucoup de distractions. Il ne regarde pas la télévision : il n'a pas eu besoin d'elle pour être handicapé mental".

Le rire comme arme suprême : "à une émission de télévision", "j'ai parlé de mes enfants, j'ai insisté sur le fait qu'ils me faisaient rire souvent avec leurs bêtises et qu'il ne fallait pas priver les enfants handicapés du luxe de nous faire rire..." Une arme mal reconnue : "J'ai regardé l'émission, qui avait été enregistrée ... On avait coupé tout ce qui concernait le rire".

Le rire encore, pour oublier le désespoir : "quand je suis seul en voiture avec Thomas et Mathieu, il me passe quelquefois dans la tête des drôles d'idées. Je vais acheter deux bouteilles, une de Butagaz et une de whisky, et je les viderai toutes les deux".

Cent-cinquante pages sur le cauchemar d'une vie, ça se lit très vite, surtout quand l'auteur y ajoute la pudeur, l'élégance du style et celle des sentiments. A Boris Vian le mot de la fin : "l'humour est la politesse du désespoir".

-> "Où on va, papa ?" Jean-Louis Fournier (Stock, 15 euros)
Prix Femina 2008, également en lice pour le Goncourt

"Un livre qui fait du bien aux gens"

Jean-Louis Fournier, qui l'a emporté au cinquième tour par 8 voix contre 5 à Dominique Mainard, auteur de "Pour vous" (Joëlle Losfeld), a aussitôt déclaré: "c'est formidable!". "J'ai l'impression d'avoir une très bonne note à ma rédaction. Je vais peut-être passer dans la classe supérieure", a-t-il dit à la presse. Pour la présidente du jury Femina, Christine Jordis : "Où on va papa?" est "un livre qui fait du bien aux gens".

A 69 ans, le réalisateur Jean-Louis Fournier est l'auteur d'une vingtaine d'essais et de récits, souvent drôles et corrosifs, dont deux livres autobiographiques consacrés à son enfance. Le dernier est consacré à ses deux fils handicapés : "c'est un peu eux qui ont un prix, eux qui n'ont jamais rien eu, même si cela leur fait une belle jambe..."

Le public s'est précipité sur ce livre, également sélectionné pour le prix Goncourt :"Où on va, Papa?" est le seul titre en course pour les prix de l'automne à figurer parmi les meilleures ventes de l'automne, au côté des best-sellers habituels comme Amélie Nothomb ou Jean-Christophe Grangé".